La mode sous les
feux de la rampe

Le spectacle incomparable de la #ParisFashionWeek

Pour lire l'article original, publié en anglais le 19 octobre 2022, rendez-vous sur Campaign.

Dernier événement du mois consacré à la mode et à la présentation des collections printemps-été 2023, la Fashion Week de Paris se devait de sortir le grand jeu en célébrant sa première saison avec panache et sans restriction depuis la pandémie.

Au-delà du tollé soulevé par le tee-shirt de Kanye et son slogan, ce retour au réel tant attendu a donné lieu à des moments exceptionnels tout au long de cette Fashion Week parisienne, confirmant au passage le statut de source d’inspiration de la Ville lumière pour les expériences de marques.

Événements en live devenus viraux ou promotion active d’un débat stimulant sur l’inclusion, la Fashion Week de Paris n’a pas déçu! L’innovation, le dynamisme et le divertissement décomplexé étaient au rendez-vous.; et, alors que le mois international de la mode arrive à son terme, sa touche finale parisienne donne également un aperçu prometteur des tendances qui définiront le secteur de la mode.

Le retour du Paris éphémère

Déployer l’événement dans toute la capitale et permettre au grand public d’assister aux défilés ont toujours fait partie de l’expérience de la Fashion Week, une tradition malheureusement mise entre parenthèses durant la pandémie. Cette saison a vu le grand retour de nombreux créateurs qui, afin de promouvoir leur nouvelle collection, ont choisi une présence éphémère. Reprenant le concept de son défilé « Le Papier », lors de la saison automne-hiver 2022, Jacquemus a inauguré « La Boutique Montaigne », un concept store blanc immaculé, riche de pièces du styliste et, plus surprenant, équipé d’une machine à pop-corn géante.

Mackage, la marque canadienne de vêtements d’extérieur de luxe, a inauguré un pop-up store conçu par Crosby Studios, en prélude à l’ouverture de son premier flagship parisien. L’installation immersive, aux murs tapissés de papier argenté, évoquant la doudoune signature de la marque, présentait des œuvres d’art futuristes ainsi qu’un lit, en élément central, symbolisant le confort de ses créations majeures.

Un héritage porteur d’espoir pour la création

L’hommage rendu à Issey Miyake, fondateur de la marque japonaise éponyme, ne pouvait être qu’un moment fort en émotions, lorsque la communauté internationale de la mode assista au premier défilé organisé depuis sa mort il y a quelques mois. Le show de celui qui fut le premier designer japonais à défiler lors de la Fashion Week de Paris a débuté au son d’Imagine de John Lennon, accompagné d’une photo d’Issey Miyake affichée sur plusieurs écrans et de cette citation : « Je crois qu’il y a de l’espoir dans le design. » Satoshi Kondo, directeur artistique de la maison, a présenté ensuite une multitude de créations sculpturales témoignant de la pérennité du style technique du créateur. En guise d’adieu élégant et sincère à celui-ci, le défilé s’est conclu avec une troupe de danseurs accompagnés au piano.

L’élégance de l’installation

Rien de très extraordinaire à recevoir un anthurium à titre d’invitation pour le défilé Loewe, mais en arrivant, nous avons été subjugués par la beauté saisissante d’une fleur d’anthurium géante en fibre de verre s’élevant au-dessus du parquet blanc. Jonathan Anderson, directeur artistique de la marque espagnole, souhaitait que cette fleur démesurée soit le point de mire, et le motif exotique ornait également toute sa collection, à l'image de son installation omniprésente. Des robes à basques en forme de trapèze, ainsi que des pulls et des tops pixelisés semblables à des images numériques, ont renforcé l’ambiance surréaliste du défilé.

Les débutantes

Après dix ans à New York et quatre ans à Londres, la marque indépendante Victoria Beckham a enfin rejoint la Fashion Week de la capitale française. Fidèle au format qu’elle aime et adopte depuis longtemps, à savoir l’organisation de ses shows dans des lieux intimistes, la créatrice britannique a choisi comme décor de son premier défilé en France le cloître de l’église du Val-de-Grâce de style baroque, sonorisé par l’air évocateur de Madame Butterfly et les rythmes électro de Chromatics.

Le choix de la Fashion Week de Paris cette année traduit l’ambition de cette marque aux lignes élégantes, qui a eu l’honneur de participer aux côtés de maisons historiques telles que Chanel, Dior, Hermès, Louis Vuitton et Saint Laurent. Autre nouvelle venue, la marque australienne Zimmermann a fait ses débuts avec un défilé dans le jardin du Petit Palais.

Des discussions autour de l’inclusion

Dans le cadre du troisième festival organisé par Balmain afin de récolter des fonds pour l’association caritative internationale (RED), Olivier Rousteing a demandé à Cher de défiler pour la marque. L’artiste a fait une apparition très remarquée, affichant une beauté et un style intemporels.

Après son défilé « La vie en rose » de la saison dernière aux accents fluo, Valentino a utilisé une palette plus douce et plus naturelle destinée à refléter toutes les couleurs de peau. La marque a ainsi proposé une réflexion subtile et stimulante sur les thèmes de la représentation et de l’inclusion. Du body à la robe à cape, tous les looks ont été revisités en utilisant différentes nuances de « nude », de la plus claire à la plus foncée, et portés sur le podium par une diversité de mannequins.

La durabilité de la tech

La Fashion Week est-elle encore la Fashion Week sans les NFT ? La transformation numérique de la mode s’imposera fortement lors des prochaines saisons, mais l’autre tendance qui émerge de cette Fashion Week parisienne est l’innovation en matière de tissus et de matériaux durables. En clôture du défilé du designer français Coperni, Bella Hadid a été habillée d’une robe à partir d’une technologie de vaporisation de tissu, le Fabrican. Non seulement ce fut l’un des moments les plus rapidement relayés sur Internet durant cette période, mais cela a aussi relancé le débat sur l’utilisation de solutions plus durables.

La robe en tant que telle a suscité des avis divers, certains la qualifiant de gadget, d’autres se montrant curieux de la technologie utilisée. Mais grâce à la mise en valeur de l’innovation comme solution aux problèmes cruciaux du secteur, la Fashion Week de Paris s’est imposée comme un événement à l’avant-garde des tendances de la mode.

Par Yasmin Arrigo, Global Brand + Editorial Director chez Amplify